Le marché du crédit immobilier : une machine toujours grippée en 2023 ?

Salut ! C'est Igloo le mag de l'habitat avec l'homme au col roulé Cédric Simonin bonjour ! Je copie Bruno Le Maire. Je comprends bien et avec lui on sait que c'est l'hiver quoi, il n’y a pas de doute on avait le choix entre faire un tennis en cours couvert ou faire une émission de radio on a choisi l'émission de radio pour l'instant. On a choisi. On fera un tennis après avec notre invité qui est très fort au tennis c’est vrai. Il paraît. On m'a dit ça, Christophe Hecker, Ma Solution Crédit. Messieurs bonjour. Et avec vous on est sûr de parler d'un sujet passionnant à chaque fois le crédit qui est bringue balai dans tous les sens depuis quelques années, depuis qu'on fait cette émission il y a toujours quelque chose à dire autour du crédit. Complètement ! Et donc Cédric on va on va se mettre au courant. Oui ! Oui, on s'est posé la question de savoir si le marché du crédit sera encore grippé en 2023 puisque depuis l'été dernier depuis l'été 2022 on a senti de grosses tensions sur le sur le marché du crédit ça a été l'année 2022 une année extrêmement compliquée pour la capacité des particuliers à accéder au financement à tel point que Christophe a plusieurs reprises nous a nous a alerté sur la situation qui allait ne pas s'améliorer et être de moins en moins tenable alors avec des conséquences particulières sur le marché de l'immobilier, sur le monde du bâtiment, tissu local par excellence donc on va voir aujourd'hui si on peut envisager des axes d'amélioration pour 2023. Peut-être juste pour commencer est-ce que Christophe peut nous d'abord nous rappeler quels étaient les raisons de ce ralentissement en 2022 ? Deux facteurs principaux le premier c'était l'augmentation des taux, je rappelle quand même que sur 20 ans par exemple on est passé de 1% en janvier 2022 à plus de 2% en décembre donc des taux qui ont doublé, qui ont plus que doublé même ça on s'y attendait parce que on savait qu'il y avait un ennemi entre guillemets c'était l'inflation que pour le combattre le levier c'est effectivement l'augmentation des taux ce qu'on fait les banques centrales à la fois à côté États-Unis, pardon, et côté Europe donc de ce point de vue-là pas d'inquiétude on s'attendait pas par contre à ce que ce soit, pardon, aussi fulgurant et d'ailleurs même à ce micro je me suis souvenu que j'avais dit que je voyais pas les taux passer au-delà de 2% quand je vous dois une bière à tous. Oui parce que j’avais fait le pari qu’il passerait au-dessus. C’est vrai, vous faites des paris après les émissions vous ? Bon voilà. Faites-les pendant les émissions c’est bien aussi, c’est intéressant. Du coup avec grosse augmentation des taux mais encore une fois pas de surprise de ce point de vue-là, la vraie surprise c'est le deuxième facteur qui a expliqué le ralentissement pour pas dire le blocage du marché du crédit c'est cette problématique de taux d'usure qui a été un vrai sujet qui agit comme une véritable chape de plomb et ça pour le coup on l'avait on l'avait pas du tout anticipé. Alors concrètement ça se traduit comment si on fait un focus sur les 2022 en distribution de crédit ? Bah là ça y est les chiffres sont tombés donc sur l'année on fait -20 ce qui est énorme sur un marché qui a eu habituellement en croissance à les rythmes plus ou moins soutenus mais donc -20 c'est pas c'est pas neutre et quand on isole le dernier semestre on est carrément à -35%, c'est monumental alors encore une fois pour une raison simple parce que les banques n'ont pas pu prêter attention à cette problématique de taux d'usure et on a eu quelques périodes on était à plus de 50% de dossiers refusés parfois par semaine. Oui ça c'est phénoménal un dossier sur deux refusé, vous avez évoqué la notion du d'usure on a déjà fait une émission là-dessus mais pour les auditeurs qui le voient pour la première fois vous pouvez juste nous rappeler ce que c'est que le taux d'usure. Oui c'est important de le rappeler parce que souvent les gens confondent tôt d'usure et taux d'endettement ce qui ne l’a strictement rien à voir le taux d'usure c'est un mécanisme de protection du consommateur qui est inscrit, pardon, au Code de la Consommation l'idée c'est d'éviter que les banques puissent prêter à n'importe quel taux et que ça puisse engendrer des situations de surendettement de défaillance chez les particuliers donc c'est une protection pour le pour l'empereur. C'est un taux qui est calculé chaque trimestre sur la base des taux observés sur les trois mois passés auxquels on ajoute une marge entre guillemets de 30% et donc les banques n'ont pas le droit de prêter au-delà de ce taux-là la loi leur interdit tout simplement voilà c'est ça le taux d'usure. Alors j'ai il y a beaucoup d'auditeurs qui nous ont dit mais le taux d'usure existe depuis je précise la nuit des temps on va dire ça comme ça pour protéger le consommateur ils comprennent pas pourquoi c'est devenu bloquant en 2022 ? C’est devenu bloquant parce que dans un contexte normal ce taux d'usure qui est effectivement existe depuis les années 80 ne pose pas de problème puisque les taux évoluent tranquillement le taux d'usure accompagne ça assez facilement puisque même s'il n'est revu qu'une fois par trimestre cette fameuse marge de 30% permet de laisser les taux fluctuer sauf que le contexte qu'on a connu en 2022 qui est un contexte de hausse de taux absolument fulgurante ça a rendu le taux d'usure obsolète de part effectivement cette inertie dès trois mois. Donc on s'est retrouvé dans des situations où le taux d'usure était complètement déconnecté de la réalité puisque les taux augmentaient très vite le taux d'usure lui a été flat pendant 3 mois et donc souvent au milieu du trimestre voire même avant les banques ne pouvaient déjà plus prêter parce qu'on avait atteint ce fameux taux d'usure. Pour vous donner un ordre d'idée j'ai dit en préambule qu'on est passé de 1% sur 20 ans à plus de 2%. donc on a plus que doublé sur les taux du marché le taux d'usure lui, n'a augmenté que de 30 % entre le 1er janvier et le 31 décembre et ce dont on s'est rendu compte aussi qui ajoute à l'hérésie qui est ce taux d'usure en tout cas la manière dont il est fait en France c'est que la période d'observation, donc ces fameux trois mois, donc on observe l'évolution des taux on prend effectivement la moyenne on augmente de 30%. on s'est rendu compte que la Banque de France prenait en compte tous les crédits qui ont été débloqués sur les trois mois passés sauf que dans cette période-là il y a des crédits qui parfois ont été négociés bien plus tôt par exemple dans la Véfa, dans le neuf on négocie son crédit très longtemps avant qu'il soit débloqué et donc on avait des taux qui dataient parfois dit à un an qui rentrait en déblocage dans cette période de trois mois et donc des taux qui étaient complètement beaucoup plus bas que le taux d'usure et donc le taux d'usure ressortait à des niveaux complètement incohérents par rapport au taux du moment voilà. Alors fort de ce diagnostic les pouvoirs publics se sont emparés du sujet on peut imaginer des améliorations là pour 2023 ? Ben la corporation des courtiers a fait des pieds et des mains depuis l'été dernier pour qu'effectivement les choses bougent il y a plusieurs sujets qui ont été mis sur la table qui reposaient enfin qui concerne à chaque fois le mode de calcul de ce taux d'usure encore une fois cette inertie des trois mois n'était tout simplement pas tenables et enfin il semblerait qu'on est abouti à quelque chose puisque une réunion s'est tenue le 11 janvier entre le gouverneur de la Banque de France et certains courtiers en crédit et il en ressortirait, j'emploie le conditionnel pour l'instant je préférais être plus catégorique que ça, mais il en ressortirait que ce taux d'usure serait désormais calculé non plus trimestriellement mais mensuellement à partir du 1er février ou à partir du 1er mars c'est pas encore fait mais clairement ça changerait la donne puisqu'on l'aurait du coup un taux d'usure beaucoup plus en phase avec la réalité. C'est difficile à mettre en place ? J'ai envie de dire non parce que c'est un texte de loi, c'est un coup de crayon pour faire simple enfin je suis un peu trivial. Après sur le terrain c’est facile ? À mon avis, et législativement assez simple à mettre en place et après par contre très concrètement sur le terrain ça va effectivement, enfin nous on va ressentir les effets immédiatement oui. La question c'est de savoir si c'est une vraie volonté politique en la matière ou pas. Ça semble indispensable. Ça dépend comment on se place. Enfin ça dépend qui on est et où on se place. J'avoue que vraiment on navigue à vue moi je, enfin vous connaissez ma théorie qui est toute simple c'est que on ne peut pas laisser tomber un secteur comme immobilier et le bâtiment or c'est malheureusement ce qu'on est en train de faire et ça peut avoir des conséquences désastreuses donc je ne peux pas croire qu'ils laissent ça en l’état mais bon effectivement on peut se poser la question parce qu’ils auraient dû prendre ce problème à bras le corps il y a déjà 6 mois. Mais je pense qu’il n’y a pas encore une prise de conscience parce que généralement c'est toujours une réaction qui se met en place à partir du moment où ils sont, on peut dire ça comme ça, au pied du mur sauf que après il y a une telle inertie dans la dans le monde du bâtiment que les mesures qui sont prises en janvier on commence à en voir les résultats au minimum 10 à 14 mois plus tard minimum. Il faut survivre entre-temps. Entre temps il y en a qui meurent ça c’est claire. Oui justement. Alors si on faisait un petit peu de prospective il faut s'attendre à quoi maintenant sur l'évolution des taux d'intérêt même si j'ai ma petite idée sur la question de 2023 et je suis prêt à refaire le pari. Vous n'allez pas être d'accord alors Nostradamus quel est votre opinion ? Alors ce que je peux dire avec certitude c'est que le juge de paix ce sera l'inflation ça c'est clair si les taux augmentaient tellement c'est parce que l'inflation était forte et qu'il fallait la combattre c'est ce que j'ai dit en préambule donc ce sera à nouveau le driver des tours en 2023. Ce qu'on observe depuis le dernier trimestre c'est que l'inflation baisse un petit peu aux États-Unis et en France très lentement mais il semblerait à en croire les économistes qu'on est atteint un pic d'inflation et l'une des composantes très importante de l'inflation c'est l'énergie vous avez vu que les prix du pétrole ont heureusement reflué les prix du gaz aussi, les prix du gaz sont revenus à des niveaux d'avant de guerre en Ukraine et ça clairement ça va avoir un impact très important sur l'inflation donc mon scénario je suis prêt à prendre des paris on en reparlera autour d'une bière c'est que on va, à mon avis se stabiliser au niveau auquel on est, voire même assisté à une petite décrue mais vraiment très progressive tout au long de l'année puisque encore une fois je disais que l'inflation va baisser mais quand les économistes parlent ou même le ministre des finances il table encore sur une inflation je crois pour 2023 ou même après 2024 encore autour de 4%. Donc ça va vraiment baisser très doucement. Donc ils ont le temps de mensualiser le taux d'usure du coup. Ça serait bien oui. Donc vous voyez une stabilisation autour des taux qui sont pour l'instant entre 2,60 et 3 c'est ça alors que moi je les vois autour des 3,50 3,70 et pour une raison, qui m'est pas forcément on verra si, c'est que les banques achètent l'argent encore un certain niveau de prix, qu'elles ont perdu beaucoup d'argent sur les prêts immobiliers ces dernières années il faut savoir qu'une banque ne gagne pas du tout d'argent voire en perd sur des crédits immobiliers et qu'elles ont besoin de refaire de la marge sur les crédits immobiliers, donc elles ont pas forcément actuellement d'appétence à faire du crédit immobilier. Toujours pas ? Donc je pense que l'évolution des taux d'intérêt permettrait aux banques de refaire de la marge et de redevenir un acteur économique tel qu'elles doivent être, c'est embêtant pour le consommateur mais le monde bancaire doit vivre pour faire tourner l'économie. Alors à ma droite on reste à 2,5 à ma gauche on est à 3,5. Entre 2,5 et 3 quand même. Ah oui ! Il commence déjà à monter son truc. Moi j’ai dit 3,5. Voilà. Rendez-vous janvier 2024. Oui mais entre-temps on refera une émission. Bah l'idée c'est quand même là, on a un sujet qui est extrêmement sensible qui intéresse énormément de de d'auditeurs donc l'idée c'est que Christophe vienne très régulièrement pour nous parler des taux. Exactement merci beaucoup et n'oubliez pas que c'est au pied du mur que l'on voit mieux le mur, merci monsieur je vous souhaite une belle journée, une bonne soirée bah ça dépend si les gens qui nous regardent ça peut être n'importe quand. C’est vrai. Ça peut être le matin, la nuit voilà, l'après-midi faites ce que vous voulez. À très bientôt l'émission on la retrouve comme toutes les autres sur la chaîne YouTube, sur le site internet de Topmusic, Topmusic.fr évidemment et puis sur Facebook, Facebook On Air. Toutes les chaînes de podcast. Et toutes les chaînes de podcasts exactement, salut à bientôt ! À bientôt !

Créateurs et invités

Cédric Simonin
Hôte
Cédric Simonin
Créateur, producteur & animateur d'Igloo On Air.
Eric Genetet
Hôte
Eric Genetet
Éric Genetet a commencé sa carrière comme animateur et chroniqueur radio pour Skyrock Paris puis Top Music à Strasbourg. Il passera dix ans à France Bleu avant de faire deux ans de télévision. Il est aujourd’hui rédacteur en chef du journal Maxi Flash en Alsace et romancier. Le fiancé de la lune" (Éditions Héloïse d’Ormesson en 2008, talent Cultura) est son premier roman publié dans l’Hexagone, suivi de "Et n’attendre personne » (Éditions Héloïse d’Ormesson) et Solo (Le Verger éditeur) en 2013. Il obtient le prix Folire et le prix de ville de Belfort pour « Tomber » en 2016 qui, comme son 5e roman « Un bonheur sans pitié (2019), et son 6e « On pourrait croire que ce sont des larmes » (2022), ont été publiés par Héloïse d’Ormesson. Il vit entre Strasbourg et Paris.
Christophe Hecker
Invité
Christophe Hecker
Christophe HECKER est un expert en crédit immobilier. Après un début de carrière dans la banque, il se dirige vers l'immobilier puis le financement immobilier avec l'ouverture de sa première agence de courtage en crédits à l'âge de 22 ans. S'ensuit une longue aventure de plus de 15 ans durant lesquelles Christophe constituera un réseau de 12 agences et d'une trentaine de collaborateurs. Début 2023, Christophe a quitté le secteur du courtage en crédits mais il reste un observateur avisé du marché du financement immobilier.
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